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La bande-dessinée québécoise

Le Québec  est reconnu à travers le monde pour ses productions culturelles de qualités qui connaissent de plus en plus de succès à l’étranger et font la fierté des Québécois.  Pourtant, un de ces domaines demeure encore largement méconnu du public québécois et étranger: la bande dessinée.  Malgré de nombreux obstacles posés par la petitesse du marché, la bande dessinée québécoise résiste encore et toujours grâce à une poignée d’irréductibles auteurs, artistes et lecteurs dévoués.  Longtemps mise au ban de la production artistique au Québec, la bande dessinée connaît depuis quelques années un vent de renouveau qui lui vaut un respect grandissant, ici comme ailleurs.

            La bande dessinée québécoise, comme de nombreuses formes d’art, fait face, depuis toujours, à de nombreux obstacles.  Premièrement, il y a le marché qui est très restreint, mais aussi largement dominé par la bande dessinée européenne.  De plus, la bande dessinée souffre encore de certains préjugés.  On pense souvent que c’est une littérature enfantine et simpliste.  “Notre lectorat potentiel aurait honte de lire de la bande dessinée en ce moment” pense Jimmy Beaulieu, “pourtant ce qu’on fait n’est ni plus ni moins pointu ou exigeant qu’“Un gars une fille”, Woody Allen, Michel Tremblay, François Truffaut ou Marie-Claire Blais”.  Les lecteurs réguliers de bande dessinée sont quant à eux trop habitués au format classique à la Tintin, c'est-à-dire de grands albums en couleurs avec une couverture cartonnée, ce qui est irréalisable pour les modestes maisons d’éditions québécoises.  Les livres plus petits en noir et blanc que produisent les auteurs d’ici passent souvent pour des œuvres “cheaps ” alors qu’elles sont tout aussi valables.  En fait de nombreux auteurs préfèrent travailler en noir et blanc. 

            Malgré ces difficultés, la bande dessinée est présente au Québec depuis très longtemps.  On la retrouve déjà dans de nombreux journaux dès la fin du XIXe siècle[1].  La bande dessinée plus moderne est quant à elle présentée depuis des décennies grâce à de nombreux fanzines qui permettent aux auteurs amateurs de publier leurs travaux.  Ces revues ont un très petit tirage, mais demeurent un excellent médium pour l’expérimentation artistique.  Ils sont également témoins des nombreuses influences de la bande dessinée québécoise, qui vont du manga japonais au comic book américain en passant bien sûr par Tintin, Astérix et compagnie.  Les fanzines dépendent entièrement de la dévotion des fans qui les publient.  Un fanzine peut durer quelques années et publier trois ou quatre numéros par an selon une vendeuse chez  Fichtre, la seule librairie spécialisée en bande dessinée québécoise à Montréal.   Le fanzine le plus important à ce jour est la revue Mensuhell qui en est à sa soixantième publication mensuelle, comme l’indique le nom.  La bande dessinée est également omniprésente dans la majorité des revues satiriques tel Safarir qui depuis sa création en 1987 a permis à plusieurs auteurs de faire leur marque[2]. 

            Depuis environ cinq ans, la bande dessinée alternative commence à prendre de l’ampleur au Québec grâce à la création de quelques petites maisons d’édition qui ont permis à certains auteurs québécois de se faire remarquer.  Certaines maisons d’édition publiaient déjà des bandes dessinées depuis quelques années, mais celles-ci visaient surtout les enfants et dans la plupart des cas on essayait d’imiter ce qui se faisait déjà en Europe leur contenu était donc bien souvent plutôt médiocre.  Pendant ce temps un mouvement de bande dessinée alternatif prenait de l’ampleur, mais il ne commença qu’à percer le marché que très récemment avec l’apparition de maisons d’édition telles les éditions de la Pastèque.  Cette maison fut créée il y a sept ans par Frédéric Gauthier et Martin Brault “en écoutant une table ronde sur la bande dessinée québécoise qui était plutôt pessimiste ”.  Ces deux passionnés de BD s’inspirèrent du travail publié par l’Association en Europe afin de faire connaître la bande dessinée alternative d’ici et d’ailleurs.  Selon eux, bien que le marché québécois soit de plus en plus ouvert à ce genre de publications, tout reste à faire.  Depuis la création de la Pastèque, ils ont tout de même réussi à publier vingt-cinq titres et ont travaillé avec une soixantaine d’artistes.  Leur catalogue contient certains des livres et auteurs québécois les plus en demande, dont Michel Rabagliati qui fait un tabac au Québec comme à l’étranger avec ses livres semi-autobiographiques qui ont gagné plusieurs prix.  Il est important de noter que le travail accompli par Frédéric Gauthier et Martin Brault demeure entièrement bénévole, la Pastèque étant encore considérée comme organisme à but non lucratif, ce qui devrait changer prochainement si la tendance se maintient. 

            Parfois ce sont les auteurs eux-mêmes qui peuvent s’organiser pour publier leur propre travail, comme c’est le cas pour Mécanique Générale, un collectif de six auteurs, créé il y a 5 ans.   À la base le groupe était réuni pour un projet de bande dessinée collective intitulé avons-nous les bons pneus.  Ayant une approche similaire face à la BD, les six créateurs décidèrent de s’allier afin de faciliter la publication de leurs projets.  Selon Philippe Girard (alias PhlppGrrd ) cette situation créée une “saine compétition” entre les auteurs où “un petit noyau de saine jalousie entre nous” remarque Jimmy Beaulieu, “ça a accéléré nos processus d’évolution respectifs, j’en suis persuadé” ajoute-il.  C’est ainsi que Mécanique Général commence tranquillement à se faire une réputation au Québec, mais aussi en Europe.  “À nos débuts je faisais une ou deux dédicaces par jour, maintenant j’en fais une dizaine” remarquait enthousiaste PhlppGrrd en sortant du salon du livre de Montréal.  Cela semble peu, mais au mois le public commence à être conscient de l’existence d’une BD québécoise, et les auteurs ont bien l’intention de continuer à pousser.

            Le développement de la bande dessinée québécoise que l’on observe aujourd’hui peut donc être expliqué par le travail acharné de ses artisans qui offrent une BD de qualité.  D’après PhlppGrrd on arrive à une maturité artistique dans ce domaine, car les auteurs se sont débarrassés du vieux rêve de devenir le nouveau Tintin, on veut créer un nouveau genre et plus un sous-produit.  De plus, la bande dessinée d’auteurs avec un format plus élémentaire commence un peu partout à devenir un genre, mieux reçu par le public.  Les fondateurs de la Pastèque  sont tout aussi enthousiastes, mais affirment qu’on en est encore qu’aux premiers balbutiements.  Le meilleur resterait donc à suivre, souhaitons-le.



[1] http://www.collectionscanada.ca/bandes-dessinees/t17-7100-f.html

[2] http://www.collectionscanada.ca/bandes-dessinees/t17-7100-f.html

 

 

 

 

 

 

Ecrit par Julien, le Jeudi 9 Décembre 2004, 00:15 dans la rubrique "Littérature".